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D'où vous est venue cette idée d'un film hommage à Sven Larsson, « l'inventeur du fond vert »?

Benoit Forgeard. Les trois premiers Ben & Bertie Show ont été réalisés quasi entièrement sur fond vert, une technique merveilleuse, mais gourmande en minutie. Entre L'Homme à la chemise de cuir et L'Incruste, j'ai tourné tout un long-métrage sur fond vert. J'ai vécu dans le vert pendant un mois, au point que lorsqu'il m'arrivait de sortir du studio, je voyais le paysage en rouge. Certains passages du scénario sont directement inspirés des nombreux aléas subis durant ce tournage.


N'est-ce pas un peu paradoxal (ou dirais-je : vicieux) de n'avoir eu recours à aucun fond vert pour cette émission, alors que c'était jusque là votre marque de fabrique ?

Bertrand Burgalat. Depuis le début nous avons des ambitions assez arrêtées mais nous sommes très souples sur les moyens d’y parvenir. Le choix du fond vert et d’un studio qui ne soit pas un studio de tournage mais un studio d’enregistrement de musique s’est imposé quand il a fallu faire L’Année Bisexuelle, le premier épisode.

BF. Pour ce nouvel épisode, Paris Première nous proposant de faire une émission autour du cinéma, c'était l'opportunité de rendre hommage à ce fameux fond vert à qui l'on doit tant et qu'on ne voit paradoxalement jamais. C'était aussi l'occasion d'assouplir la mise en scène, notamment celle des passages musicaux, car l'utilisation du fond vert, compte tenu de notre budget, nous oblige à une rigueur formelle un peu contraignante.

 

S'incruster [à la télé avec un concept atypique] c'est aussi un peu l'idée du Ben & Bertie show, non ? Faut-il y avoir une mise en abyme ?

BF. Au moment de l'écriture, je voulais surtout trouver un moyen d'imbriquer davantage les passages musicaux et les passages de comédie. Je ne me doutais pas qu'en imaginant l'histoire de deux apprentis cinéastes contraints de partager leur plateau avec celui d'une émission de variétés, je m'apprêtais à faire une mise en abyme. Je serai plus méfiant désormais.

BB. C’est le quatrième Ben & Bertie Show en 16 mois, ça représente un travail gigantesque, et en même temps personne ne peut dire qu’on nous voit trop à la télé.


Chaque Ben & Bertie, on l'imagine, se conçoit avec son lot d'accidents et d'imprévus. Quels furent-ils pour cet épisode ?

BF. Patrick Sébastien s'est décommandé la veille au soir pour le lendemain matin. Par chance, Chilly Gonzales enregistrait au sous-sol du Studio Ferber, où nous tournons. Il a accepté très gentiment de le remplacer au pied levé, pour un moment musical d'anthologie. Sa performance a été si convaincante qu'il est probable que ce soit Chilly Gonzales qui présente à l'avenir Le plus grand Cabaret du Monde.


Au milieu de l'émission, Benoit Forgeard a cette phrase formidable : "On peut faire des trucs super en reniant tout ce à quoi on croit.". Cette punchline est-elle inspirée par des situations réellement vécues ? Lesquelles ?

BF. A vrai dire, j'ai écrit cette phrase parce qu'elle va bien dans la bouche de ce personnage candide. Est-elle plus profonde qu'il n'y paraît ? Sans doute pas. Elle induit l'idée que certaines entorses à ce qu'on croit être, à ce qu'on croit savoir, à ses dogmes personnels, peut amener de salutaires remises en question. C'est, d'ailleurs, un peu ce que j'ai tenté de faire, en passant à une réalisation à l'épaule, moi qui ne jurais que par le pied.

BB. Benoit sait si bien exprimer des choses que nous ressentons de façon parfois confuse, on ne sait plus si notre existence est calquée sur ses scénarios ou si c’est l’inverse, comme cette phrase du deuxième Ben & Bertie Show qui me hante : « sans chance et sans talent mais avec de la volonté, on peut arriver à tout ».

 

Une fois encore, on retrouve Darius en personnage principal, pouvez-vous nous dire les raisons qui vous poussent à le mettre au premier plan ?

BB. La continuité, d’épisode en épisode, est assurée par les protagonistes. Darius est au Ben & Bertie Show ce que Sid James fut à la série de comédies britanniques Carry On, sa place dans le cinéma de Benoit me fait penser à celle de Claude Melki dans les oeuvres de Jean-Daniel Pollet.

BF. Nous aimons l'idée que les mêmes comédiens reviennent à chaque émission endosser de nouveaux habits. Darius a ce côté caméléon. Il y prend plaisir. Depuis le début de l'émission, il a joué un capitaine de bateau, un chirugien, un moniteur d'auto-école s'improvisant comédien, et même l'Année 2013 ! Nous pourrions reprendre à son compte ce qui est dit de son personnage dans l'émission : "Darius, c'est une nature. Il fait partie de ces acteurs qui donne une couleur à l'ensemble du tournage."


Parmi les grandes surprises musicales, il y a cette improbable séquence d'intro avec Francis Lai, mais aussi cette torride reprise de Donna Summer par Yasmine Hamdan. Pouvez-vous nous raconter ces choix, et leurs genèses ?

BB. Ces choix sont dictés par la complémentarité entre les artistes, le thème de l’émission, et la disponibilité des uns et des autres (nous enregistrons et filmons 5 artistes par jour pendant deux jours).

La thématique cinéma de cet épisode, c’est l’occasion de rendre hommage à Francis Lai, mais aussi à Jacky Chalard, un rocker originel qui a tout fait, Vince Taylor comme la BO d’Ocean 12. Seth Gueko et son Barbeuk sont une merveille, idem pour L’Homme qui marche, de Daho. La musique d’Aquaserge est très sophistiquée et incroyablement fluide, et lorsqu’on voit jouer Frànçois & the Atlas Mountain, on comprend en quoi leur succès actuel n’est pas usurpé. Quant à Yasmine Hamdan, je cherchais une chanson qui lui permette de donner toute la mesure de sa lascivité, dans un registre où on n’a pas l’habitude de l’entendre. Les Dragons et tous les musiciens jouent si bien, que j’ai peur parfois que le public ne réalise pas qu'ils jouent en direct. Pour jouer ainsi, il faut une grande aisance musicale : Musiciens et chanteurs changent souvent de place selon les impératifs de mise en scène. Ils sont contraints de faire les mêmes acrobaties que pour un clip sauf qu’ici ils ne miment pas le morceau.

Pour qu’ils s’entendent jouer, nous n’utilisons pas de retours classiques : les haut-parleurs envahiraient l’écran. Depuis la première émission nous utilisons le système L1 de Bose, une enceinte qui permet de diffuser le son sur l’ensemble du plateau sans risque de larsen. C’est ce qui donne cette cohésion au jeu des musiciens. J’ai remarqué depuis longtemps que plus l’écoute sur scène est alambiquée, plus l’interprétation risque d’être décevante, ce système nous permet d’obtenir des performances de très haute qualité.

Il arrive pourtant qu’un artiste soit obligé de chanter en playback, lorsque c’est le cas, il n’y a pas de micro à l’image, afin d'éviter toute confusion.

 

Pourquoi le live de St. Vincent est, une fois n'est pas coutume, extrait d'une captation de vrai concert ?

BF. Nous avions déjà filmé Jef Barbara en concert, lors de la première émission, mais, c'est vrai, c'est plutôt rare. L'opportunité s'est présentée d'aller filmer St.Vincent au débotté. C'est un exercice dont je ne suis pas familier, mais qu'il m'intéresse de tenter, d'autant que la séquence s'imbriquait logiquement dans l'histoire, où l'un des personnages décide de quitter le studio pour saisir la vérité à l'extérieur. Dans la vraie vie.

BB. Il y a beaucoup d’artistes internationaux qui seraient formidables dans ce programme mais qui ne sont pas en France au moment du tournage. En les filmant en concert on pourrait perdre, paradoxalement, le côté live, car on dépend alors de la scénographie et des artifices (musiques préenregistrées etc) de leur spectacle. La vie rêvée du studio est parfois plus vraie que la vraie vie... St. Vincent, comme Jef Barbara auparavant, sont les exceptions qui confirment la règle.

 

D'où est venue cette idée de changer la formule de l'émission, avec cette fois, une mise en scène façon documentaire musical ? Des références ? 

C'est l'écriture du scénario qui m'a conduit à cette façon de tourner. Parce qu'un documentaire en caméra embarquée, ne pouvait pas se faire sur pied, au risque de paraître trop artificiel. Les références sont nombreuses, à commencer par la plupart des bonus DVD. Il y a aussi Spinal Tap, bien sûr, Inside Jamel Comedy Club, Tim et Eric.

J’espère, pour l’avenir de l’industrie cinématographique, que L’Incruste ne sera pas trop regardé, car il sera difficile de revoir certains press junkets, après ce Lost in la Mancha qui finit bien.

Interview Thomas Ducres